Langkawi Islands // Kuala Lumpur - Malaisie
- Les socquettes légères
- 15 mai 2016
- 4 min de lecture
Après 4652 km parcourus, il nous faut dire au revoir à l'Asie, à ses forêts luxuriantes, ses rizières assoupies, ses fleuves généreux, ses temples coloriés, sa gastronomie, ses parfums, sa patience enracinée, son coeur bienveillant, sa pudeur, ses sourires honnêtes, son absurdité brute, son bouillonnement à l'air libre, à la confiance qu'elle émet, aux barrières qu'elle efface, au souffle qu'elle donne. Panorama trop angélique ? Sûrement. Lorsque l'on ne fait que passer, l'éclat supplante l'ombre.
Alors on a bu des coups à ces cinq premiers mois de voyage passés à la vitesse de la lumière et à toutes celles et ceux ayant contribué de près ou de loin à ce que l'on puisse atteindre Kuala Lumpur comme des torpilles filoguidées.

Nous avons posé le pied en Malaisie en débarquant sur l'île de Langkawi, au nord-ouest du pays. Pas vraiment convaincu par l'urbanisme douteux et l'architecture criminelle du port, on migre assez rapidement vers une zone qualifiée de belle car pourvue d'une plage de sable blanc. Sauf que, la plage est constamment traversée par des bagnoles. Pourquoi ? Pour parader... Bravo le veau. Et puis les dizaines de Jet-Skis qui sillonnent la mer ont une belle faculté à dégrader un peu plus le tableau.
Cet archipel de 99 îles a pourtant de beaux atouts, nous y prenons quelques jours de repos avant de mettre les bouts vers la ville de Alor Setar en Malaisie péninsulaire. "C'est pas trop tôt" diront certains. Et l'on saluera leur humour prodigieux.

120 km plus au sud, nous atteignons la ville de George Town sur l'île de Penang. C'est notre dernière île, promis. Le passé colonial de cet ancien comptoir ayant appartenu à la Compagnie anglaise des Indes orientales lui donne un charme indéniable malgré le bétonnage lourd, jamais bien loin. La Malaisie est divisée en quatre groupes ethniques importants, les Malais musulmans qui composent 50 % de la population, les Chinois 23 %, les populations indigènes 11 % et les Indiens 7 %.
L'État de Penang est le seul du pays où les Chinois sont plus nombreux que les Malais. On y trouve de nombreuses maisons-boutiques chinoises très élégantes, des temples hindous, des mosquées mais aussi de beaux monuments anglais de l'époque Victorienne. Même qu'on s'est jeté un whisky au Eastern & Oriental Hotel là où Michael Jackson, entre autres, séjourna. Aaouuww, hiiihii !

Notre parcours s'est concentré sur le versant ouest du pays, là où le brassage ethnique est prégnant et où les mines d'étain ont porté l'économie du pays durant de nombreuses années. Dans ces régions, les Malais travaillent au sein des administrations, les Chinois possèdent la plupart des entreprises et les Indiens animent de nombreux restaurants. Notons quelques tensions entre la communauté chinoise forte de son pouvoir économique et la communauté malaise détentrice du pouvoir politique. Rien de bien méchant, semble-t-il.
Avec la présence des Tamouls, on a retrouvé nos petits plats indiens avec le roti canai, un pain de farine de blé très proche du paratha d'Inde du Sud, ou le nasi kandar, riz frit avec curry et légumes. Les deux bonhommes ci-dessous, fins cuisiniers, ont réjoui nos palais.

La cuisine chinoise n'était pas mal non plus avec le nga chou kai (ci-dessous), filet de poulet aux pousses de soja avec sa soupe de nouilles, le popiah, crêpe au tofu et aux légumes proche du nem, ou le char kway teow, nouilles sautées aux crevettes cuites dans une sauce soja - semblable au pad thai.

Et la cuisine malaise ? Délicieuse, extrêmement variée avec ses influences indiennes, indonésiennes et chinoises. Très souvent sous la forme de buffet, on nous sert une bonne plâtrée de riz que l'on accompagne à sa convenance de gulai, le curry malais au rempah (épice) et curcuma, l'ayam percik, poulet grillé et mariné au lait de coco ou encore le saté, pour ne citer qu'eux.
Pour la touche sucrée, on a adoré le putu piring, gâteau de riz vapeur avec sucre de palme + poudre de coco et le fruit du mangoustier, le mangoustan.
Hors catégorie nous avons le durian, impossible à décrire, création de goût ex nihilo, il nous a laissé une odeur de fromage dans la bouche mais on ne lui en veut pas.
Avec toutes ces vitamines, inutile de préciser qu'on a plié les pédales tant la puissance était au rendez-vous.

Aux Cameron Highlands, on s'est baladé dans une plantation de thé. Ça sentait le caca de chien mais c'était beau.

La dernière journée de vélo en Asie.
Primo, on se réveille au milieu des collines dans la jolie petite ville de Kuala Kubu découverte la veille, par hasard. Un petit déj dans la charmante maison - entièrement à nous ! - où l'on a passé la nuit et on file vers Kuala Lumpur.
Secondo, la route est belle, vallonnée, on approche de la capitale malaise et nous sommes toujours dans le vert. Une dernière grosse montée, une dernière grosse suée et ci-gît une cascade. Joie dans nos coeurs. On saute dedans.
Terzo, on dévale dans les faubourgs de Kuala Lumpur, on s'arrête pour prendre un bon petit gueleton et là, un mec surgit de l'inconnu, prend le ticket sur la table, paye notre repas et se tire alors que nos bouches sont encore pleines.
La dernière journée de vélo en Asie était particulièrement chouette.

Avant de décoller pour l'Amérique du Sud, nous avons fait un crochet (en bus) à Malacca, ancienne cité commerciale à la croisée des chemins entre l'Orient et l'Occident et capitale culturelle du pays - belle, c'est un mot qu'on dirait inventé pour elle. Merci Garou.
De retour à KL, comme ils disent ici, on s'est translaté jusqu'aux fameuses Petronas Towers. Fierté nationale, incarnation de la puissance économique de la Malaisie, bêtes de tours truc de ouf chanmé t'as vu.

KL - Lima, 45 heures de voyage porte à porte, le métabolisme dépravé et l'horloge biologique souillée, nous voici en Amérique du Sud. Dès les premiers coups de pédale à la sortie de l'aéroport, la salsa se fait entendre, nous y sommes, tout va bien. Un pisco sour, por favor !
Avant cela, lors de notre escale à Amsterdam, on a eu le plaisir - trop court - de partager un petit déjeuner avec les parents de Claire et d'engloutir chacun un shorbread millionnaire en provenance de l'Impertinente, scruunch, scrunch, sluuuurp :-)

On vous laisse, on va acheter une flûte de Pan.
Gros bisous !