Surat Thani // Satun (Sud) - Thaïlande
- Les socquettes légères
- 27 avr. 2016
- 4 min de lecture
Les poulets de Licques sont incontestablement les meilleurs de la planète Terre. Ils courent sur l'herbe fraîche plus de 80 jours durant, sont nourris aux céréales et farines riches en protéines végétales, sans antibiotique, et s'épanouissent à l'ombre des hêtres du pays licquois pour atteindre 2 kilos de chair ferme dégageant une maturité d'exception, bref, la Rolls-Royce des volailles. Un Label Rouge donc ? Bien plus que ça, la victoire du goût. Lorsque l'on vous offre une casquette qui incarne toutes ces valeurs, vous caquetez, la fierté s'empare de votre personne, le couvre-chef devient un instrument de propagande et vous devenez un infatigable ambassadeur de la Fête de la dinde et de son prestigieux défilé. Glouglou.

Mais qui nous a offert cet inestimable cadeau ? Valentine et Michel Bourbiaux, mes parents. Car oui, Valoche et Michou sont venus nous rendre visite en Thaïlande pour notre plus grand plaisir. Au programme Krabi, Ko Phi Phi et Ko Lanta, la sentence est irrévocable. On peut lire la détresse de la famille Bourbiaux ci-dessous.

Nous appareillons pour Ko Phi Phi, petit archipel paradisiaque où se trouve la fameuse plage du film La plage. Le site est totalement acquis au tourisme avec une densité hallucinante d'hôtels, restos, boutiques, salons de tatouage et de massage. Mais le véritable fléau à Ko Phi Phi, la tragédie jouée sans répit, la vision stroboscopique qui hante les ruelles, c'est le motif "éléphant". Floqué sur les fringues de 98 % des touristes, il nous donne l'envie de massacrer tous les pachydermes du globe. À la base, on aimait bien les éléphants, mais depuis le Laos, ils sont trop nombreux, et nous poursuivent à travers les vêtements des voyageurs, lesquels deviennent des écriteaux diaboliques.
Avec Claire, nous avons donc été contraints de faire de la plongée sous-marine pour nous réfugier. Les requins à pointe noire, poissons-clowns, poissons-coffres, poissons-flûtes, coraux multicolores, hippocampes, bancs de poissons argentés ou dorés nous ont permis de refaire surface.

Lorsque la nuit tomba sur l'île, on se sentit projeter dans le clip Shimmy Shake du groupe 740 Boyz. Au choix, une balade avec des buckets bien serrés, quelques parties de bière-pong ou la pool party façon MTV. Valoche et Michou réclamaient la troisième option mais nous avons finalement réussi à les convaincre de prendre un p'tit apéro à la française.
Un peu plus tard dans la soirée, un joueur de bolas.
Oui, ça existe encore. Et non, nous ne rejoindrons pas la page Facebook "Pour que les joueurs de bolas prennent feu et meurent" parce qu'on est gentils, même avec les joueurs de bolas, c'est dire.

Après la très festive Ko Phi Phi, en route pour Ko Lanta, île beaucoup plus calme où l'on doit construire son abri et manger des sauterelles pour finir par tomber d'un poteau. Non, Ko Lanta est civilisée. Ses plages de sable blanc sont un navre de paix - oui un "navre de paix" c'est Strip Tease qui le dit d'abord - où l'on peut siroter sa noix de coco en toute quiétude.
On compte envoyer cette photo au magazine Femina.

Pendant ce temps-là, Michou et Valoche chevauchent leur bécane, poignée dans le coin, ils attaquent les virages comme Valentino Rossi. Les boutons de chemise ne résistent pas.

Mais dorénavant il nous faut parler de la cuisine thaïe. Chaque ville et village possède au moins un marché où l'on peut se rassasier à tout heure. La plupart du temps nous profitions de ces étals. Voici quelques plats :
- pad thai : nouilles de riz sautées aux crevettes avec tofu, oeuf, cacahuètes, pousses de soja, ciboule, crevettes séchées, jus de tamarin, sauce au poisson (nuoc mâm), sucre, citron vert - on le mangeait très souvent le midi pour se retaper après une matinée de vélo.
- gang kiau wan (curry vert) : poulet, citronnelle, coriandre, gingembre, piment vert, basilic, ail, pois gourmand, lait de coco, aubergine, brocoli, citron vert, poivre noir.
- tom kha kai : soupe au poulet et lait de coco avec tomates, pleurotes, bergamote, citronnelle, galanga, coriandre, citron vert.
- tom yam kung : soupe aigre-douce aux crevettes avec citronnelle, galanga, coriandre, citron vert, pâte de curry rouge, carottes, pleurotes, nuoc mâm, ail, oignon, lait de coco.
- kanom krok : galette de riz à la noix de coco.
- hoi tod : omelette aux moules.
- khao niao mamuang : riz gluant au lait de coco servi avec des mangues ;
Et puis les jus de coco délicieux, les ananas d'une autre galaxie, etc, etc.

Vous avez faim ?
Eh bien pour vous couper l'appétit, que diriez-vous d'une histoire de vomi sur le vélo ?
Suite aux réjouissances de Ko Lanta, et les gros bisous de remerciements et d'au revoir aux parents, nous avions quatre jours pour atteindre la frontière malaise. La date limite du visa nous l'imposait.
Les trois premiers jours ok, 250 km au compteur, ne reste plus que 65 bornes pour atteindre Satun d'où l'on prendra un bateau pour rejoindre l'île de Langkawi en Malaisie. Facile.
Sauf qu'une infection alimentaire s'est invitée au petit matin du dernier jour. Conséquences : il faut malgré tout rouler jusqu'au port de Satun puis prendre le fameux bateau. "Ma vie c'est de la merde et je l'échangerais bien contre celle du roi du Maroc." Voilà en substance ce à quoi je pensais durant cette interminable journée de vélo ponctuée de vomissements. Heureusement, Claire s'est occupée de tout, visas, tickets, soins, mise en place des vélos sur l'embarcation, soutien psychologique, place allongée négociée pour la traversée, débarquement, recherche de logement en Malaisie, installation dans la guesthouse, bref, une femme Barbara Gould.
Le sourire de cette jeune fille a été le seul plaisir de cette ultime journée en Thaïlande. Peu importe, au préalable, ce pays n'a cessé de nous séduire.

On vous embrasse fort !