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Veun Kham // Battambang - Cambodge

  • Les socquettes légères
  • 21 mars 2016
  • 4 min de lecture

Disons-le tout de suite, nous sommes fiers de cette "couverture". Harmonie de la représentation, finesse du graphisme, puissance du message, tout y est. On a trouvé cette pépite face à une laverie de Poipet au Cambodge. Retraçons rapidement les grandes orientations de ce chef-d'oeuvre.

Le choix du sumotori évoque dans un élan progressiste la jonction entre repassage et masculinité. Bravo. Outre la cohérence générale, la réflexion symbolisée par un logo Wi-Fi est une insurrection contre la cyberdépendance. Chapeau. Enfin, les détails de la composition sont bouleversants, célébrons notamment cette main gracile venant épouser avec brio la poignée du fer à repasser.

Nos premiers jours au Cambodge furent assez exigeants. Pour rejoindre Siem Reap et les temples d'Angkor, nous avons traversé le Mékong d'est en ouest juste après la frontière. Riche idée. Panne moteur sur le fleuve, trois sur le bateau, gros courant, prend une planche, pagaie, tais-toi et espère.

Rive droite atteinte, nous parcourons 350 kilomètres vers l'ouest du pays à travers des forêts dramatiquement surexploitées et carbonisées dues, entre autres, aux plantations de manioc et d'hévéas. Les pistes sont revêches, l'eau se puise dans les puits et le soleil veut notre peau. Il nous faut des poches de sang, et vite.

Malgré ces conditions difficiles, les Cambodgiens nous permettent d'alimenter notre volonté de puisssance et ainsi d'avaler les kilomètres avec l'aisance et la grâce des dopés. La barrière de la langue nous frustre mais les échanges sont là, généreux. Ci-dessous, les enfants de la famille nous ayant hébergés dans le village de Chang Ha.

Nous avons poursuivi sur la nationale 64 quasi déserte et une température tout à fait clémente : 40°C.

D'ailleurs, à l'instar d'Henri Emmanuelli, nous avons compris l'extrême utilité des sourcils. Lorsqu'un torrent de sueur dévale du crâne, ces zones pileuses faisant office de digues sont précieuses. Le regard peut alors contempler distinctement l'horizon et constater l'absence totale d'ombre sur la chaussée, ô joie !

L'arrivée aux temples d'Angkor fut bien accueillie bien que troublante. Voir des dizaines de milliers de touristes après quelques journées de néant... sensations étranges. Nous n'avons pas lâché nos socquettes pour visiter ce magnifique site, en effet, le biclou est un chouette moyen de découvrir les belles pierres cachées dans la forêt.

Après Angkor, on s'est fait une kick-off meeting pour définir le rétro-planning des prochains jours. Claire a pris le lead sur le projet "Battambang", j'ai fait un brief et lui envoyé un draft qu'on a mis dans le pipe. On a cascadé la strat du transport dans le workflow. Vélo ou bateau ? Heureusement, Claire a super bien managé la team building, on est en phase, c'est top, ce sera le bateau. Next step ? Faire une conf call avec la famille asap.

En bateau donc, nous avons traversé des villages flottants sur le lac Tonlé Sap en direction de Battambang. Nous avons vu de très belles scènes de vie mais le moins que l'on puisse dire est que les Cambodgiens habitant sur les rives ne paradent pas dans l'opulence.

Le Cambodge semble encore subir les terribles conséquences du passé. Le génocide administré par les Khmers rouges dans années 1970 a laissé place a un gouvernement hyper corrompu au pouvoir depuis 30 ans et dirigé par... un ex-membre des Khmers rouges repenti, ouf. 35 % des enfants souffrent de malnutrition, l'industrie textile tire profit du niveau de vie de la population, les terres sont vendues au plus offrant, le multipartisme est une bouffonnerie, bref l'État ne protège pas, il abîme. Pourtant, depuis le bateau ou près du vélo, nous avons aperçu une population pleine d'énergie et une jeunesse à l'enthousiasme rayonnant.

À Battambang, nous avons été hébergés par Dorothée, une amie qui travaille actuellement pour l'ONG Phare Ponleu Selpak. Cette association a pour but d'enseigner les arts vivants et graphiques aux enfants de familles en difficulté. Depuis 1994, cette école d'art accueille gratuitement les jeunes Cambodgiens désirant s'orienter vers la scène (cirque, musique, théâtre, danse) ou les arts appliqués/visuels (animation, design, vidéo, photo, illustration). Traiter les blessures de la guerre par l'enseignement et la pratique artistique constitue l'une des intentions de "Phare Ponleu Selpak" qui signifie "la lumière des arts".

Grâce à Dorothée, nous avons rencontré beaucoup de belles personnes gravitant - pour la plupart - autour de cette association. On a assisté à l'un des spectacles proposés par les élèves de la section cirque, on a adoré.

Les quelques jours passés dans cette ville dynamique nous ont permis de faire un cours de cuisine cambodgienne. Avec Dorothée, Sarah, Claudio et Nary, notre prof, on a appris à débiter des nems, lok lak, fish amok, banana tapioca au lait de coco en deux tours de mains. Pour nous, deux tours de mains c'est trois heures.

Voilà le résultat.

Nems au porc.

Lok lak : boeuf mariné au citron et au poivre servi avec un oeuf frit.

Fish amok : poisson à la vapeur cuisiné au lait de coco dans une feuille de bananier.

Tapioca au lait de coco et à la banane.

Cyril Lignac aurait été fou, il nous aurait fait des bisous alors que Jean-François Piège se serait contenté d'une tape amicale sur l'épaule.

Nous sommes actuellement en Thaïlande, près de Bangkok, on a atteint les 3000 kilomètres, les bécanes tiennent bon, les températures sont plus supportables, les socquettes sont légères, on cherche Tong Pô de Kickboxer, gros bisous.


 
 
 
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