Pondichéry // Chennai (Tamil Nadu) - Inde

Nous quittons l’Inde les tympans crevés, la peau brûlée mais la tourista évitée. Ce pays improbable où l’on croise des camions à contresens sur l’autoroute, là même où les vaches font leur sieste, va nous manquer, pour sûr. La Kingfisher aussi, cette bière indienne, rare et chère, donc précieuse. Jean lui a rendu grâce avec ce très beau portrait.

La route à deux c'est chouette, la route à cinq c'est encore mieux. Juliette, Laure et Jean ont pris la roue des Socquettes légères de Madurai à Chennai pour notre plus grand plaisir. Juliette a eu la chance de se faire courser par un chien, Laure de perdre l'usage de ses pieds suite à un coup de soleil et Jean de profiter d'extra beds ayant le confort d'un tapis de sol de 2 mm. L'équipée sauvage a bénéficié d'un nouvel an explosif à Thanjavur, feux d'artifice dans tous les sens, du trottoir à deux mètres de la circulation au toit-terrasse cerné de guirlandes, tout va bien.

Vivants, les socquettes aux pieds, nous avons pris la direction de Pondichéry. L'ancien comptoir français "Puduch" a vu grandir Chaiman, super-héros et fils caché de Shiva avec ses quatre bras. Ce Dieu vivant produit les meilleurs chai de la galaxie à la vitesse de la lumière. Son immortalité garantira la création continuée et la prospérité de l'Inde. Pas contre la représentation, il nous a permis de lui rendre hommage par l'entremise d'une vulgaire photo. Ça se passe de commentaires.

Auroville est une secte disent les mauvaises langues. Mais André dit "Dédé" ne l'entend pas de cette oreille. On a rencontré cet Aurovillien dans une rue de Pondichéry. Le lendemain nous lui donnions tous nos effets personnels.

Non, c'est faux, au contraire, ce Lillois d'origine nous a expliqué comment le projet "Auroville" avait évolué depuis les années 1970, époque où il s'est installé dans cette communauté internationale tournée vers l'élévation spirituelle sans nier les bienfaits de l'action collective. Merci Dédé, tant tactiquement que techniquement nous avons passé un super moment avec toi.

Ci-dessous le Matrimandir, salle de méditation monstrumentale au coeur d'Auroville.

Faisons le bilan. Voici ce qu'on a adoré en Inde et ce qu'on a moins aimé.

On a adoré :

La bouffe : thali, pongal, chapati, parotta, alu gobi masala, uttapam, poori, dal fry, ghee dosa, masala dosa, cheese naan, chai, lassi... on a tout aimé ;

La ville de Varkala, le vélo dans la campagne profonde du Tamil Nadu, les temples de Thanjavur, la route entre terre et mer en face du Sri Lanka ;

La sensation de faire un sport extrême alors que tu fais juste du vélo en ville ;

Les Indiens, leurs sourires, leur bienveillance, leurs folies ;

L' esprit indien "rien n'est simple mais tout est possible".

On a pas vraiment compris :

Les interpellations des Indiens en moto alors que tu roules :

"Hi, come from?

- France

- Your name?

- Julien

- Where are you going?

- Chennai

- Ok bye" - et le mec s'en va avec un grand sourire. Si on transpose cette scène en France, le curieux est pris pour un fêlé dans la seconde. En Inde, c'est tout à fait normal d'enchaîner ces trois questions et de partir, satisfait.

On a moins aimé :

Les corbeaux qui nous ont chié 8 fois dessus (3 fois pour Claire, 5 fois pour Julien) ;

La sauce orange qu'ils mettent avec le thali au goût de Paic Citron ;

Lorsqu'une route à deux voies de circulation devient une route à six voies de circulation, l'angoisse s'installe ;

Les rots des Indiens venus des profondeurs les plus viscérales ;

L'impossibilité de trouver du PQ.

Ceci est un thali, et c'est bon.

À Mahabalipuram, Jean a retrouvé Saleem, un ami restaurateur qu'il avait rencontré six ans plus tôt lors de son premier voyage à vélo en Inde. Nous y avons super bien mangé, mention spéciale pour le banana porridge.

Dans cette même ville, Claire s'est transformée en fakir. Ici elle tient une pierre - pas anodine - en lévitation. Une manière de vous prouver que le voyage en Inde nous a réussi.

Après 1104 km parcourus, nous avons pris un avion pour Hanoï depuis Chennai. Good morning...

On vous embrasse fort !